LES MOTS POUR LE DIRE - Benoît Hamon, leader de l'aile gauche du PS jusqu'à sa nomination comme ministre, n'est pas toujours très à l'aise avec les décisions de son gouvernement en terme de politique économique. Et il sait le dire, tout en conservant sa langue de bois. Délicat exercice dont voici le résultat dans Le Parisien de ce 26 janvier.
Interrogé sur la ligne sociale-démocrate assumée de François Hollande, et sur ses propres convictions, le ministre délégué à la Consommation répond qu'il ne valide pas tout, mais qu'il garde ses remarques pour la sphère privée. Ou comment amorcer une critique sans la développer :
Le pays va mal. En tant que membre du gouvernement, je ne suis pas là pour ajouter une difficulté aux difficultés.
Mon objectif, c'est que la gauche réussisse et fasse réussir le pays. Cela ne veut pas dire que je suis d'accord sur tout. Je n'ai pas changé.
Mais je réserve mes remarques au président de la République, à Jean-Marc Ayrault, à mes collègues de Bercy Pierre Moscovici, Bernard Cazeneuve ... Je suis loyal.
Je suis socialiste, je ne suis pas social-libéral.
Concernant le pacte de responsabilité et les 30 milliards de réductions de charges pour les entreprises, Benoît Hamon met en valeur les propositions d'Henri Emmanuelli, autre figure de l'aile gauche du PS et proche de lui. Ce dernier préconise un crédit d'impôt ciblé d'aide à l'investissement plutôt qu'une suppression généralisée des cotisations familiales payées par les entreprises. Un choix qui n'a pas encore été tranché par le gouvernement.
Benoit Hamon fait ainsi entendre sa petite musique par la voix d'Henri Emmanuelli :
Henri Emmanuelli propose un crédit d'impôt d'aide à l'investissement, c'est à dire ciblé sur les entreprises qui ont le plus besoin d'investir et celles qui sont le plus exposées à la concurrence internationale. Tout cela va être discuté avec les partenaires sociaux et les parlementaires.
Henri Emmanuelli est le président de la commission de serveillance de la Caisse des dépôts. Ce n'est pas n'importe qui. Son avis est donc important.
Après les annonces mi-janvier de François Hollande sur son pacte de responsabilité, l'aile gauche du PS a fait savoir qu'elle voterait la confiance au gouvernement du bout des lèvres.
En décembre 2012 déjà, Benoît Hamon faisait le tri entre les politiques de gauche menées par son gouvernement et celles qu'il surnommait de "drauche".
Las de cette situation "inconfortable", il a, selon Les Echos, cherché à prendre la tête du PS pour remplacer Harlem Désir après son départ. Mais s'est vu opposer le refus de François Hollande.