OÙ SONT LES FEMMES ? PAS LÀ - Il y a l'enjeu de représentativité. Il y a aussi l'enjeu financier. Les Républicains et la parité femmes-hommes, c'est un peu compliqué et ça ne va pas s'arranger (complètement) en 2017. Alors que le Conseil national (CN) du parti était réuni pour la première fois depuis la primaire de la droite, ce samedi 14 janvier à la Maison de ma mutualité à Paris, il apparaît clair que cette règle de la parité ne sera pas respectée aux législatives, exposant donc la formation emmenée par François Fillon aux critiques... et aux amendes.
L'un des enjeux de ce CN était les investitures des candidats LR aux législatives de juin. Un grand nombre de noms ont été officiellement présentés, même si quelques dizaines de circonscriptions ne sont pas encore attribuées pour diverses raisons (problèmes de succession, élus cumulards qui n'ont pas encore choisi entre leurs différents mandats, etc.). Et il faut noter que parmi ceux qui ont obtenu le précieux sésame, on trouve beauuuuuucouuuuuuuup plus d'hommes que de femmes :
#pointparité 168 investies, 298 investis LR pour les législatives.
— Matthieu Verrier (@MattVerrier) 14 janvier 2017
Depuis la première loi sur la parité en 2000, les partis sont tenus de présenter 50% de candidates aux élections législatives. En 2012, l'UMP devenue LR n'avait présenté que 25,7% de femmes aux législatives. Le parti est depuis amputé de 4 millions d'euros par an dans le cadre du financement public des partis politiques. Par comparaison, le PS perd chaque année 1,4 millions d'euros pour avoir présenté 226 femmes et 305 hommes. Seuls EELV et le Parti communiste ne payent pas d'amende. Et à partir de 2017, les amendes pour non-respect de la parité vont augmenter - Alain Juppé avait estimé le risque pour LR à 8 millions d'euros.
Le problème n'est donc pas nouveau rue de Vaugirard. Mais cette situation que Les Républicains n'arrivent manifestement pas à régler va devenir encore plus problématique. Et Daniel Fasquelle, trésorier du parti, va bel et bien devoir sortir son chéquier pour payer l'amende.
Car François Fillon a confirmé, dans son discours de conclusion de ce grand raoult de la droite, que cet objectif ne serait pas atteint :
"En matière de parité, nous partons de loin. Et c'est vrai, nous aurons du mal à parvenir aux 50% [de femmes investies en 2017].
"
Il a cependant plaidé avec force pour cette parité, expliquant que cela n'était "pas une contrainte", mais une "condition de l'unité nationale". "Je veillerai, dans les prochaines semaines, à ce que le nombre de femmes investies aux législatives soit en augmentation significative", a-t-il promis.
Le candidat à la présidentielle pourra aussi, à l'occasion, se pencher sur le problème de la représentativité des femmes dans ses propres équipes...
Auprès du Lab, le parti tient à préciser que s'il investit en effet seulement "36% de candidates", il s'agit d'une progression "de +11 points par rapport à 2012 où nous n’avions que 25% de femmes." Ce "chiffre insuffisant" s'explique "par la structuration très largement masculine du groupe des Républicains sortant (86% d’hommes, 28 femmes sur 199)", ajoute-t-on. Et de faire valoir que sur les "circonscriptions de reconquêtes", c'est-à-dire celles actuellement détenues par la gauche, l'effort paritaire est plus important :
"Nous avons investi 273 candidats (53 sont réservées en cas d’accord avec l’UDI et 19 sont réservées pour des candidats les Républicains) [sur ces circos à gauche] avec : un respect de la parité en investissant autant d'hommes (139) que de femmes (134) et un taux de renouvellement très important (avec beaucoup de jeunes candidats) car nous avons plus de deux tiers de nouveaux candidats (72%), soit 195 sur 273.
"
[Edit 18h55 : ajout précisions LR]
[BONUS TRACK] Est-ce clair ?
Durant ce discours très chaleureusement applaudi, François Fillon a également mis les points sur les i concernant deux sujets qui suscitent la fronde d'une partie des élus de son parti, désireux de voir leurs revendications intégrées au programme du candidat : le retour sur la loi interdisant le non-cumul des mandats et le retour de la défiscalisation des heures supplémentaires.
Sur le premier, le vainqueur de la primaire a estimé que "les citoyens veulent des élus disponibles" et qu'il fallait entendre "leurs inquiétudes et parfois leur colère". "Le mandat ne s'exerce pas de la même manière" aujourd'hui, a-t-il encore plaidé, avant d'affirmer : "C'est la raison pour laquelle je ne reviendrai pas sur le cumul." Et afin de bien se faire comprendre des cumulards LR qui font de la résistance, il a expliqué que de faire de cette mesure la première de son éventuel quinquennat (car il faudrait abroger la loi immédiatement après l'élection présidentielle, seul un mois la séparant des législatives) serait "un bien mauvais" signal :
"Comment nos concitoyens pourraient-ils comprendre que nous nous occupions de nous-mêmes au lieu de nous occuper d’eux ? Je vous le dis aujourd’hui avec franchise : ce serait un bien mauvais début de mandat, pour moi comme pour les parlementaires de notre majorité.
"
Concernant les heures supplémentaires défiscalisées, le message s'adressait à quelques sarkozystes, et notamment Laurent Wauquiez, qui les réclament publiquement. Ici encore, un "non" ferme de la part de François Fillon. À noter que dans son discours lui aussi très apprécié de l'assistance, Wauquiez n'a pas explicitement réitéré sa demande. Certes, il a bien fustigé les socialistes qui "ont supprimé les heures supplémentaires et veulent le RSA jeune". Il a aussi répété que "la valeur travail, c'est la valeur de la droite française" et que "la droite doit revaloriser les revenus du travail". Mais c'est tout.
Normalement, cette double mise au point de François Fillon devrait clore ces deux mini-révoltes. Normalement...