L’initiative est originale et innovante. Emmanuel Macron a annoncé ce jeudi 19 janvier que les prétendants à une investiture d’En Marche! pour les législatives devaient déposer leurs candidatures sur Internet via un formulaire. Voilà ce qu’a déclaré le candidat à la présidentielle lors d’une conférence de presse dans son QG de campagne, dans le XVe arrondissement :
"Tous les membres du mouvement ou ceux qui souhaiteraient le rejoindre peuvent s’inscrire en ligne. (…) Nous sommes la seule force politique à avoir établi des formalités aussi claires et accessibles.
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Emmanuel Macron a ensuite évoqué les cinq critères pris en compte pour chaque postulant : "le renouvellement", "la parité stricte", "la probité", "la pluralité politique" et "l’accord avec le projet". Car le candidat désigné devra "certifier sur l'honneur adhérer aux valeurs portées par En Marche! et s'engager à soutenir le plan de transformation et à signer le contrat avec la nation".
Chaque prétendant à l’investiture dans les 577 circonscriptions devra montrer patte blanche. Comme lorsqu’une personne postule à un emploi, le candidat devra envoyer son CV et une lettre de motivation mais aussi sa photocopie d’une pièce d’identité et une photo d’identité. "Assurez-vous d’être munis de ces documents, il n’est pas possible de valider la candidature sans avoir complété tous les champs obligatoires", peut-on lire sur la page d’un formulaire en ligne comportant de très nombreuses questions.
Parmi ces questions, "êtes-vous actuellement élu ?", "avez-vous déjà été élu pour un mandat révolu ?" ou encore "avez-vous déjà été candidat(e) à une élection que vous n’avez pas remportée ?" Ce qui n’est pas évidemment pas le cas pour Emmanuel Macron qui n’a jamais été candidat à une élection avant de se présenter à la présidentielle.
En maximum 500 caractères, soit trois tweets et demi, le candidat doit aussi "répondre de manière synthétique" à la question : "Quelles sont les raisons qui vous amènent à déposer cette candidature ?" Il doit également dire pourquoi "il pense pouvoir être un bon candidat aux législatives", préciser "combien de temps par semaine il pense pouvoir consacrer à sa campagne" ou encore "comment il évalue sa maîtrise du processus électoral".
Rien n’est donc laissé au hasard du côté la nouvelle formation politique En Marche! qui entend éviter au maximum de présenter des candidats pas sérieux. Si Emmanuel Macron veut que "plus de la moitié" de ses candidats aux législatives "incarnent ce renouvellement", ce questionnaire souligne tout de même que son mouvement politique privilégiera les candidats déjà dotés d’expériences politiques, si possible concluantes.
Lors de sa conférence de presse tenue le jour même du troisième débat de la primaire de la Belle Alliance Populaire, sans doute un hasard du calendrier, Emmanuel Macron a de nouveau précisé que son parti permettait "les adhésions multiples" et que les candidats de sa formation aux législatives "peuvent être socialistes, radicaux, écologistes, centristes, républicains tant qu’ils se retrouvent dans notre projet". Ce que Luc Carvounas qualifiait de "parti politique attrape-tout'.
L’ex-ministre de l’Economie a aussi donné des informations plus précises sur le processus de désignation :
"Une commission nationale en charge des investitures sera constituée dans les prochains jours. Elle sera l'instance en charge des désignations. Elle sera composée de neuf membres adhérents du mouvement s'engageant eux-mêmes à ne pas être candidat. Je n'en serai pas membre. Les investitures seront décidées par vagues successives.
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En évoquant les législatives à trois jours du premier tour de la primaire, Emmanuel Macron entend mettre la pression sur les députés socialistes sortants qui se représentent. Pour le candidat à la présidentielle, il s’agit en effet de faire en sorte que dès maintenant le maximum de députés sortants rallient la bannière d’En Marche! Ou comment tenter de parasiter la primaire et de mettre à mal le PS dont les candidats investis par le parti ont du souci à se faire.
"Un élu socialiste qui se décide avant le 29 janvier fait acte de conviction. Après, c’est un acte de contrition", a d’ailleurs prévenu le délégué général du mouvement -et député PS- Richard Ferrand selon Le Figaro . Les choses sont claires.