Pour Najat Vallaud-Belkacem, l'intention était "louable". La ministre a cependant "des interrogations" sur l'opportunité de la mesure demandant aux écoles de journalisme de promouvoir la "lutte contre les stéréotypes, les préjugés sexistes, les images dégradantes, les violences faites aux femmes et les violences commises au sein des couples".
Une disposition critiquée par les formations en journalisme, qui ont demandé, dans un communiqué commun courroucé, sa suppression pure et simple.
Interrogée par le Lab lors du compte-rendu du conseil des ministres de ce 29 janvier, la ministre des Droits des femmes a fait part de ses "doutes" et décline toute responsabilité dans l'introduction de cet article dans son projet de loi sur l'égalite entre les femmes et les hommes :
Cette disposition relative à la formation des journalistes a été introduite non pas par le gouvernement, mais en commission des lois, entre parlementaires qui se sont entendus pour l'adopter.
Et elle n'a pas fait l'objet en séance publique d'un nouveau débat. Elle n'a pas été discutée.
Najat Vallaud-Belkacem défend ensuite l'esprit de la loi, rien que l'esprit de la loi :
L'intention, vous la comprenez: dire que les journalistes ont un impact majeur par leurs professions sur la reconduction systématique et exagérée des stéréotypes, et que si on veut lutter contre les stéréotypes [...], il faut aussi former les journalistes à percevoir ces stéréotypes, qu'inconsciemment ils s'apprêtent à reconduire.
Et c'est là que la ministre des Droits des femmes fait part de ses "interrogations"à propos de cette disposition, et promet sa modificationà la faveur d'une seconde lecture :
L'intention est louable, maintenant, j'ai des interrogations d'ordre juridique sur le vecteur législatif. Je ne suis pas sûre qu'il appartienne à la loi de dire ce que doivent comporter les formations des journalistes.
Ne vous inquiétez pas, il y aura une seconde lecture autour de ce texte, et nous allons expertiser cette disposition, y revenir au Sénat. C'est un texte juridiquement parfait qui ressortira de la deuxième lecture d'ici le mois d'avril.
Interrogée sur ce sujet par France 3 avant la séance de questions au gouvernement ce mercredi, la ministre de la Famille, Dominique Bertinotti, est allée dans le même sens :
Là pour le coup il faut que le bon sens prévaleet faire confiance à la responsabilité. Les journalistes sont des citoyens responsables.
L’acquisition de la notion d’égalité femme-homme se travaille au quotidien depuis le plus jeune âge et je comprends tout à fait qu’un corps professionnel puisse ne pas vouloir être stigmatisé.
L'article 16 bis du projet de loi sur l'égalité femmes-hommes, demande (à l'heure actuelle) aux écoles de journalisme de promouvoir la "lutte contre les stéréotypes, les préjugés sexistes, les images dégradantes, les violences faites aux femmes et les violences commises au sein des couples."
La conférence des écoles de journalisme avait estimé que ce n'est pas à l'Etat de dicter le contenu de leurs enseignements :
Aujourd'hui, c'est l'égalité homme femme ; demain, quelles seront les autres "matières" dont l'enseignement deviendra obligatoire aux yeux des députés?
Par ailleurs, la Conférence (...) s'étonne du ciblage dont ses formations font l'objet. En effet, aucune autre formation qui pourrait être concernée par ces questions (école de commerce, diplômes de ressources humaines, formations audiovisuelles etc.) ne fait l'objet d'une telle injonction.