Ce jeudi 9 avril, Manuel Valls est en visite éclair au Maroc, pour cimenter le rabibochage de la France et du royaume chérifien après des mois de paralysie de la coopération judiciaire et sécuritaire entre les deux pays.
Mais l’opération réconciliation du Premier ministre pourrait paradoxalement créer des remous diplomatiques… au Parlement. Dans une lettre envoyée à Matignon ce même jour, les présidents des groupes d’amitié France-Maroc de l’Assemblée nationale et du Sénat se plaignent de n’avoir pas été conviés par le chef du gouvernement à ce voyage.
Dans ce courrier, que s’est procuré le Lab (voir ci-dessous), le député UMP Luc Chatel et son homologue sénateur Christian Cambon reprochent d’abord à Manuel Valls d’avoir appris "par voie de presse" son déplacement à Rabat.
Si la politique étrangère est bien de ressort de l’Etat, les deux auteurs se froissent surtout de ce qu’ils considèrent comme une entorse aux coutumes républicaines :
Nous pensions que l’usage républicain voulait qu’un Premier ministre, en déplacement dans un pays ami, prenne soin de convier les présidents des groupes d’amitié des deux assemblées à prendre part à la délégation.
D’autant, argue le tandem Chatel-Cambon, qu’ils avaient pour le coup accompagné François Hollande ou Jean-Marc Ayrault dans de précédents déplacements outre-Méditerranée. Et que si les rapports se réchauffent entre le Maroc et l’Hexagone, c’est aussi un peu grâce aux efforts des deux assemblées législatives :
Vous n’êtes pas sans savoir tout le rôle joué par la diplomatie parlementaire qui, à Rabat comme à Paris, s’est mobilisée ces derniers mois pour renouer les fils du dialogue.
Le député et le sénateur concluent en assimilant l’attitude de Matignon à un "mauvais signal" à quelques jours de la signature d’un accord censé sceller officiellement la dégel franco-marocain.
À l'UMP, on grince : "C'est l'incompréhension. C'est du jamais vu."
Les rapports entre l’exécutif et les parlementaires sur les sujets diplomatiques sont compliqués ces temps-ci. Dernièrement, c’est le voyage en Syrie de plusieurs élus, à la rencontre de Bachar al-Assad, qui a provoqué la colère du gouvernement.
Joints par le Lab dans l’après-midi, les services du Premier ministre ne nous avaient pas encore recontactés en fin de journée.
La lettre envoyée à Matignon ce jeudi :