I'M FREE - Entre ses propos publics élogieux, quelques rencontres discrètes voire des vrais coups de pouce, Ségolène Royal semble s'approcher d'un soutien à Emmanuel Macron un peu plus chaque jour. Pour l'instant, elle ne franchit pas cette frontière. Le faire poserait un sérieux problème vis-à-vis du PS qui organise sa primaire avec ses rares alliés, alors que l'ex-ministre de l'Économie, qui revendique de ne pas être socialiste, s'en est affranchi pour se lancer dans la présidentielle. Mais elle le dit comme elle le pense : elle peut tout à fait rejoindre le leader d'En Marche ! si elle le souhaite.
Au JDD dimanche 15 janvier, la ministre de l'Environnement explique attendre le résultat de la primaire de la Belle Alliance Populaire, le 29 janvier, pour prendre position : "Une fois désigné le vainqueur de la primaire, je verrai en fonction de tout : de l'ambiance, du niveau de la primaire, de ce qui se passe, de ce qui se dit." La numéro 3 du gouvernement ne rejoindra donc pas nécessairement le champion désigné à l'issue de cette compétition.
Elle ajoute que ce choix ne tient qu'à elle, ne se sentant visiblement pas tenue par une quelconque discipline de parti :
"Je n'ai aucune contrainte. Je ferai ce qui me semble le plus utile à la victoire de la gauche. Je sais que ma parole a du poids. J'utiliserai cette capacité pour aider celui qui sera en meilleure position pour rassembler.
"
Y compris, donc, Emmanuel Macron (qu'elle aime beaucoup car, entre autres, il lui ressemble furieusement). À l'évocation de la "trahison" de l'ancien ministre à l'égard de François Hollande, Ségolène Royal se fend d'ailleurs d'une vibrante défense : 1) non, Macron n'a pas "trahi" Hollande car 2) tout allait pour le mieux entre les deux hommes mais 3) c'est Valls qui l'a poussé dehors et 4) où est donc le problème ? Elle dit :
"Je n'ai jamais entendu François Hollande dire qu'Emmanuel Macron l'avait trahi ni entendu Emmanuel Macron dire le moindre mot négatif sur François Hollande. [...] Si on excluait de la politique tous les gens qui ont trahi, il n'en resterait pas beaucoup... [Du coup, trahi ou pas trahi ? On est perdus, ndlr].
[...] Macron a démissionné à cause du conflit avec Valls. C'est Valls qui l'a rétrogradé [dans l'ordre protocolaire gouvernemental] et qui lui a pris sa deuxième loi. François Hollande est une victime collatérale de cette bataille. Il n'y avait pas de conflit entre François Hollande et Emmanuel Macron.
"
Dans ces conditions, il apparaît impossible pour la ministre de soutenir son ancien chef Manuel Valls ; à l'inverse, elle détaille ici toutes les raisons pour lesquelles son ralliement officiel à Emmanuel Macron ne poserait aucun problème... Ne dit-elle pas en privé, comme l'assure Le JDD qu'"Emmanuel est le seul à pouvoir faire gagner la gauche" ?
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