SAY LA FAUTE À LA LAÏCITAY - Jean-François Copé aime la laïcité, qui est selon lui "la plus belle invention qui soit". En revanche, Jean-François Copé n'aime pas ceux qui ont une "vision étriquée" de la laïcité, ces gens qui interdisent à tout un chacun de "parler des vacances de Noël" ou "de Pâques". Car oui, si vous ne le saviez pas encore, soyez prévenus : il est aujourd'hui "devenu insupportable" dans ce pays d'évoquer ces congés par leurs noms à références chrétiennes. Enfin, selon Jean-François Copé.
Voici ce qu'a expliqué le député-maire LR de Meaux, lundi 9 janvier sur Franceinfo:, alors qu'il était interrogé sur la sortie polémique de François Fillon se disant "gaulliste et de surcroît chrétien", ce qu'il présente comme une assurance de ne prendre aucune "décision contraire au respect de la dignité humaine" :
"Vous savez, nous vivons dans un pays dans lequel parler par exemple des vacances de Pâques est devenu insupportable. On ne parle plus des 'vacances de Pâques', on parle des 'vacances de printemps', au nom de la laïcité. On n'a pas le droit de parler des 'vacances de Noël' et certains maires se sont vus reprocher [il est coupé]. [...] N'écarquillez pas les yeux. [...] Ah vous trouvez que j'exagère ? Eh bien moi je pense que vous êtes à côté de la plaque. Amusez-vous, à l'occasion, à discuter de cela avec des chefs d'établissements scolaires, avec des professeurs, vous verrez la vision devenue tellement étriquée de la laïcité que nous avons aujourd'hui.
"
Alors que ses interlocuteurs journalistes estime qu'il "exagère" et en fait "un peu" voire "beaucoup" trop sur ce sujet, le septième et dernier homme de la primaire de la droite soutient mordicus son propos et les accuse d'être "à côté de la plaque". Une séquence à revoir en vidéo :
Comment ? Les ultras laïcards auraient réussi à bannir ces expressions à connotation religieuse de la langue française autorisée (voire *bien-pensante*) ? On ne peut pas vérifier la parole de chaque chef d'établissement ou professeur, personnes invoquées par Jean-François Copé pour les besoins de sa démonstration. Mais une simple recherche sur les calendriers scolaires officiels de l'Éducation nationale permet de se rendre compte que l'ancien ministre raconte un peu n'importe quoi.
On y trouve invariablement la mention des "vacances de Noël", mais aussi "de la Toussaint" ou encore du "jour férié de l'Ascension". Voici par exemple le calendrier scolaire officiel pour l'année 2016-2017 :
Ou encore celui-ci, pour l'année 2017-2018 :
Et ceux des années précédentes ?
Voilà enfin quelques remarques relatives à ce calendrier, dans la présentation du projet de ce dernier soumise au conseil supérieur de l'Éducation en avril 2015 :
Concernant les vacances de Pâques, on ne sait pas s'il est "insupportable" de les nommer ainsi mais de fait, l'Éducation nationale parle bien de "vacances de printemps". Mais, comme l'a noté Libération ce lundi , leur dénomination légale n'a été "vacances de Pâques"... qu’entre 1962 et 1974. Avant et après ces dates, on parle bien de "vacances de printemps". Faut-il en déduire qu'avant les années 60 et depuis les années 70, la "laïcité étriquée" a eu raison des jalons chrétiens de notre calendrier ? Qui sait...
En mai 1974 et comme le fait remarquer au Lab le ministère de l'Éducation nationale, le ministre de l'époque, interrogé à l'Assemblée sur les nouvelles dates des vacances de Pâques, expliquait alors (une réponse à retrouver à la page 88 de ce journal officiel) :
"Les inconvénients que pouvaient présenter les vacances de printemps n'ont pas manqué d'être évoqués lors de l'établissement du calendrier de l'année scolaire 1973-1974. Les décisions prises en la matière répondent avant tout au souci d'améliorer l'équilibre interne de l'année scolaire dans l'intérêt des élèves. Elles tendent, dans la mesure du possible, à équilibrer la durée des second et troisième trimestre en dissociant les vacances scolaires de printemps et la fête religieuse de Pâques lorsque celle-ci est trop tardive. [...]
"
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[BONUS TRACK]
Cette partie de l'interview de Jean-François Copé étant issue des propos de François Fillon, la suite revient au sujet initial. Le député-maire de Meaux explique qu'il ne "participera pas à ces reproches" qui sont faits à l'ex-Premier ministre, accusé de "mélanger" politique et religion voire de faire monter le communautarisme. Il ne trouve donc pas grand chose à redire à ce positionnement de son ancien meilleur ennemi qu'il soutient aujourd'hui, si ce n'est qu'"il n'y a pas que le christianisme qui est attentif aux valeurs d'humanisme".
Mais, sans indiquer qu'il serait lui-même gêné, "JFC" estime que si un responsable politique faisait la même déclaration mais en se disant musulman, cela provoquerait immanquablement une polémique, ce qui serait "embêtant". Et d'ajouter que face à de telles réactions "passionnelles", la meilleure réponse reste la laïcité :
Pour mémoire, François Fillon avait déclaré : "Je suis gaulliste et de surcroît, je suis chrétien. Ça veut dire que je ne prendrai jamais une décision qui sera contraire au respect de la dignité humaine, au respect de la personne humaine, au respect de la solidarité."