MAIS DE QUI PARLE CLAUDE GUÉANT ? Invité de LCI et Radio classique ce 29 mai, Claude Guéant a longuement défendu l'honneur d'Eric Woerth, "bafoué" à ses yeux durant des années de procédures judiciaires dans l'affaire Bettencourt, qui se sont terminées par une relaxe pour l'ancien ministre du Budget. Des propos à fort double-sens puisqu'ils font écho à la propre situation judiciaire de Claude Guéant, renvoyé en correctionnelle dans l'enquête sur les primes en liquide du ministère de l'Intérieur.
Quand Guéant s'emporte contre le sort réservé à Woerth, c'est donc un peu lui qu'il défend aussi. Il estime ainsi que ses accusateurs d'antan devraient lui présenter des excuses :
"Je crois que ce serait tout à leur honneur de dire qu’ils se sont trompés et qu’ils ont eu tort. Parce que ce n’est pas que le problème d’Eric Woerth, c’est un problème de santé de notre démocratie.
On ne peut pas traîner impunément les gens dans la boue sans qu’il y ait des raisons reconnues par la justice.
"
Claude Guéant pense également que la divulgation d'éléments "partiels" par la presse est forcément dommageable pour la personne mise en cause :
"Il faut être discret sur la publication d'éléments partiels et forcément partiaux du dossier, car s'ils sont partiels, ils ne disent que peu de choses. (...)
Utiliser des éléments partiels c’est forcément tromper le public et c’est impossible de faire une instruction équitable dans la presse.
"
Enfin, l'ancien ministre revient sur la douleur subie par son camarade Woerth :
"Je le connais bien, c’est un garçon que j’aime beaucoup, il a beaucoup souffert de ça, sa femme a beaucoup souffert, sa famille, ses amis … Je crois qu’il faut que tout le monde, dans un sursaut de responsabilité collective, prenne cela en compte aussi.
"
Autant de déclarations qui résonnent avec sa propre situation, lui qui, au terme d'une enquête préliminaire déclenchée en juin 2013, est suspecté de "recel" et "complicité" dans un détournement de fonds publics, le tout dans l'affaire des primes en liquide de son ancien ministère. La seconde partie de l'interview sur LCI et Radio classique est d'ailleurs consacrée à ce dossier. Et Claude Guéant le martèle :
"Mais je n’ai pas l’intention de me retirer [de la vie politique, ndlr]. Je ne vois pas pourquoi un innocent se laisserait aller, se laisserait écraser par des mécanismes de ce genre qui sont des mécanismes délibérés de mise en cause politique.
"