Ce n'est pas parce que le projet de loi sur le renseignement est présenté par Manuel Valls que Christiane Taubira va échapper aux critiques émanant de la droite. Exemple en a été donné ce lundi 13 avril, au premier jour de l'examen dudit projet à l'Assemblée nationale, par Éric Ciotti, jamais le dernier à l'UMP pour critiquer la Garde des sceaux (remember ).
À la tribune, le député UMP, également président de la commission d'enquête sur la surveillance des filières et des individus djihadistes, a bien visé la ministre de la Justice, présente sur le bancs de ministres. Il a dit :
"Nous voulons également poser des questions sur le nécessaire volet judiciaire de la lutte contre le terrorisme. Dans ce débat depuis le mois janvier, vous avez été bien absente madame la Garde des sceaux. Nous vous avons très peu entendu, si ce n'est par allusions où certaines voix qui semblent parler en votre nom soulignent que vous seriez opposée à ces textes.
Mais nous attendions de votre part, de la part du Garde des sceaux, l'expression forte d'une volonté judiciaire de mieux combattre le terrorisme, de mieux le sanctionner, de mieux le prévenir, notamment par une politique pénitentiaire radicalement différente que celle que vous conduisez aujourd'hui.
"
Cette attaque sur le supposé silence de Christiane Taubira n'est pas nouvelle. En février déjà, sur Europe 1, Nicolas Sarkozy avait lui-aussi dénoncé "le silence assourdissant" de la ministre de la Justice.
Cette fois, cependant, l'attaquant va trouver une réponse. Non pas de la part de Manuel Valls mais de l'un de ses lieutenants : Jean-Jacques Urvoas, principal rédacteur de la loi sur le renseignement. Au micro, le président de la Commission des lois a dit :
"J'ai noté d'ailleurs qu'Éric Ciotti avait tenu 15 minutes avant d'attaquer la Garde des sceaux, ce qui est quasiment un exploit de sa part. On était dans un exercice assez habituel où le député Ciotti n'a pas forcé son talent.
"
Une sortie qui a bien fait rire sur le côté gauche de l'Assemblée. Mais si l'on veut être tout à fait honnête, il faut noter qu'Éric Ciotti n'a pas "tenu" 15 mais 22 minutes avant d'attaquer Christiane Taubira.