LES DEUX VERSIONS - Ce vendredi 24 janvier, François Hollande rencontrait, au Vatican, le Pape François. Le chef d'Etat français et le patron de l'Eglise ont échangé en tête-à-tête, avant une rencontre plus large avec la délégation accompagnant François Hollande. Jusque là, toutes les versions concordent.
En revanche, les compte-rendus faits de l'événement par le chef de l'Etat français et le Pape ne sont pas franchement les mêmes.
>> Temps 1 :
Un peu avant 13h, François Hollande prend la parole pour une déclaration solennelle d'une dizaine de minutes, retransmise en direct sur les chaînes d'information françaises.
Le chef de l'Etat raconte les différents sujets évoqués, principalement liés à l'actualité internationale : situation en Centrafrique, en Syrie, considérations géénrales sur la "mondialisation, ses excès, ses abus", mais également les questions liées à la protection de l'environnement.
Le chef de l'Etat assure encore qu'il a raconté au Pape sa "détermination" par rapport aux "actes antireligieux qui peuvent être commis", "notamment (quand) ils se produisent dans un lieu de culte" - "ça vaut pour toutes les religions", précise d'ailleurs aussitôt le chef de l'Etat.
En revanche, sur les sujets franco-français susceptibles de déclencher l'hostilité de l'Eglise, à l'exemple du mariage homo, ou autre, François Hollande se fait très discret.
Et se contente d'expliquer qu'il a donné au Pape une petite leçon de laïcité à la française.
Voilà ce qu'il explique aux médias :
J’ai rappelé que la laïcité de la République française garantit le respect de toutes les convictions et permet de vivre ensemble, avec les mêmes règles, avec les mêmes principes, qui valent pour tous les citoyens, et pour ceux qui résident dans notre pays.
Et que la laïcité permet le débat avec tous les cultes, et avec l’Eglise catholique en particulier, dans le cadre d’une instance de dialogue qui se réunit annuellement, bientôt au printemps, qui est présidée par le Premier ministre, et qui aborde tous les sujets, y compris les plus graves, les plus lourds, qui intéressent toute notre société. Et ce débat avec l’Eglise catholique est possible, dans le plein respect de nos principes laïcs.
En résumé : l'Eglise peut donner son avis sur les questions de société, mais dans un cadre bien défini, et une fois par an, merci. François Hollande, au passage, livre quelques considérations sur le "pardon" (de Dieu, des hommes, de la nature).
>> Temps 2 :
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Quelques minutes plus tard, un communiqué de compte-rendu officiel est envoyé par le Vatican aux rédactions, et mis en ligne sur le site internet du Vatican.
Grosso modo, le débrief est le même : il a bien été question d'international, de mondialisation, et de protection des lieux de culte.
Mais deux petits mots, qui ne figuraient pas dans le débrief version Hollande, donnent tout son sel au communiqué.
On y lit en effet:
Dans le contexte de la défense et de la promotion de la dignité de la personne humaine, quelques arguments d’actualité ont été examinés, comme la famille, la bioéthique.
Famille, bioéthique : deux sujets compliqués dans les relations entre la France et l'Eglise. Et que François Hollande s'est bien gardé de raconter.